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Dictée intergénérationnelle du 28 Octobre 2023

Auteur : Poulot  Créé le : 05/11/2023 17:53
Modifié le : 05/11/2023 18:08
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Le samedi 28 octobre qui suivait le 34ème Jeudi de l'histoire l'association "Racines du Pays LoireBeauce" a proposé à un public intergénérationnel, de faire une dictée. Jean Pierre SUEUR, ancien sénateur  du Loiret et surtout linguiste et spécialiste de Charles PEGUY, a choisi un extrait du livre "L'argent" publié en 1913 de ce dernier. On trouvera ci-dessous le texte de cette dictée.

Après avoir lu la maxime du jour le professeur a dicté.

Une trentaine de personnes de 7 à 89 ans ont participé à cet exercice.

 

Nous avons connu un honneur du travail exactement le même que celui qui au moyenge régissait la main et le cœur. Cétait le même conservé intact en dessous. Nous avons connu ce soin poussé jusqu’à la perfection, égal dans l’ensemble, égal dans le plus infime détail. Nous avons connu cette piété de l’ouvrage bien faite poussée, maintenue jusqu’à ses plus extrêmes exigences. J’ai vu toute mon enfance rempailler des chaises exactement du même esprit et du même cœur, et de la même main, que ce même peuple avait taillé ses cathédrales.

Maison de PEGUY où sa mère était rempailleuse de chaises

De tout ce peuple les meilleurs étaient peut-être encore ces bons citoyens qu’étaient nos instituteurs. Il est vrai que ce n’était point pour nous des instituteurs, ou à peine. C’étaient des maîtres d’école.

Nos jeunes maîtres étaient beaux comme des hussards noirs. Sveltes sévères ; sanglés. Sérieux, et un peu tremblants de leur précoce, de leur soudaine omnipotence.

Je voudrais dire quelque jour, et je voudrais être capable de le dire dignement, dans quelle amitié, dans quel beau climat d’honneur et de fidélité vivait alors ce noble enseignement primaire. Je voudrais faire un portrait de tous mes maîtres. Tous m’ont suivi, tous me sont restés obstinément fidèles dans toutes les pauvretés de ma difficile carrière.

 

Ces fonctionnaires, ces instituteurs, cet économe ne s’étaient aucunement ni retranchés ni sortis du peuple. Du monde ouvrier et paysan. Ni ils ne boudaient aucunement le peuple. Ni ils nentendaient aucunement le gouverner. A peine le conduire. Il faut dire quils entendaient le former. Ils en avaient le droit, car ils en étaient dignes.

 

Sortis du peuple, mais dans l’autre sens de sortir, fils d’ouvriers, mais surtout de paysans et de petits propriétaires, souvent petits propriétaires eux-mêmes, de quelque lopin de terre quelque part dans le département, ils restaient le même peuple, nullement endimanché je vous prie de le croire, seulement un peu plus aligné, un peu plus rangé, un peu ordonné dans ces beaux jardins de maisons d’école.

 

Avant tout ils ne faisaient pas les malins. Ils étaient juste à leur place dans une société bien faite. Ils savaient jusqu’où ils iraient, et aussi ils y parvenaient infailliblement..

Chaque participant a reçu un "Bon Point". la plus jeune participante et la plus agée ont chacune reçue un cadeau.