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Petit Journal N°19 Page 2

Auteur : Poulot  Créé le : 12/06/2016 20:22
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 GUERRE DE 1870

Les prussiens à Tavers et ses environs.

Récit par l’abbé LELONG.

 

 

 

NDLR : nous entamons aujourd’hui le manuscrit extrait du registre  paroissial de Tavers par madame Hélène GARNIER (1916/2002) à l’origine de ce travail. Nous lui en sommes reconnaissants ainsi qu’à sa fille, madame Claudine ANGELON, qui a bien voulu nous confier ce document dont la publication sera répartie dans les prochains N° du « Petit Journal ».

 

 « Quinze décembre 1870 – Ce jourd’hui jeudi au moment où on baptisait Adrien René Mariot Leroy, une effroyable bataille entre les français et les prussiens se livrait dans les plaines qui séparent Villorceau de Tavers, la canonnade a commencé a 6 h. du matin et s’est ne s’est terminée qu’à 6 h  du soir ; la ligne de bataille avait au moins 10 kilomètres d’étendue et du matin au soir on s’est battu sur toute la ligne. Le bruit du canon et de la fusillade produisait un roulement continu et tellement nourri que les détonations de la plus épouvantable tempête et le bruit de la grêle tombant pressé ne sont rien en comparaison.

On s’était battu tous les jours depuis 8 jours avec des alternatives de succès et de revers de part et d’autre ; mais les autres jours, les combats n’étaient rien en comparaison de celui du jeudi 8 décembre. L’acharnement était extrême dans les deux armées cependant malgré les efforts désespérés des français, l’ennemi gagnait du terrain ; le jeudi soir l’Armée Française avait reculé jusqu’à Tavers qu’elle occupait et barricadait pour s’y défendre ; on s’attendait même qu’avant la nuit on serait forcé dans ce retranchement et que Tavers serait bombardé et brûlé. Vers 3 h. les obus tombaient sur les premières maisons ;  heureusement la nuit vint mettre fin au carnage et éloigner cette affreuse perspective. Cette nuit, l’armée française campa sur la ligne du chemin de fer au-delà et en deçà de la chaussée ainsi que dans tout Tavers qui fut fortifié de nouveau pour recevoir l’armée ennemie et l’arrêter dans sa marche. Soit que cette armée ait été trop maltraitée, soit qu’elle préféra de nouvelles manœuvres pour envelopper les français, elle ne se mit en ligne que vers midi a 1 h. du soir. Après une canonnade formidable et une fusillade très nourrie des deux côtés, un renfort de 6 mitrailleurs arriva de Blois vers 4 h. du soir : elles firent de belles trouées dans le rang des Prussiens qui battaient en retraite du côté de Josnes, Cravant, Vernon.

Le samedi, le combat eu lieu à Lucais commune de Séris, non loin d’Avaray. La journée fut aussi favorable à l’armée française, néanmoins ce succès n’empêcha pas les prussiens d’enfermer de plus en plus notre armée, tellement que le Général - chargé de défendre Tavers - se croyant cerné et se regardait comme obligé de capituler bientôt. Heureusement, l’ennemi ne comprit pas l’étendue de son succès ou il ne sut pas en  profiter car dans la nuit du samedi au dimanche, le général Treport pu se replier sur Mer sans être inquiété.

Au milieu de cette terrible alternative M. le curé et M. le maire, prévoyant l’impossibilité de se défendre à Tavers et étant avertis par plusieurs officiers supérieurs de la catastrophe imminente de notre pauvre village qui allait être brûlé et pour l’armée à laquelle de l’aveu même du général on préparait un petit Sedan - les prussiens occupaient Beaugency, Vernon, Cravant, Villorceau, Josnes, pis la rive gauche de la Loire en face Beaugency et Tavers et se préparaient visiblement à s’emparer de la route de Mer et à envahir le val de la rive droite -  M. le curé et M. le maire s’étaient rendus au domicile du général le samedi de très grand matin pour le prier d’épargner Tavers, une ruine inutile. Si leur demande a été pour quelque chose dans la détermination du général en chef qui avait son quartier général a C … commune de Séris , et auquel ils écrivaient par la voie du général Treport, ils en sont heureux et de fait samedi soir le général Treport disait à M. le Maire : ‘’ si vous voulez sauver votre village, envoyer un homme à Beaugency pour savoir si les prussiens y sont nombreux et ce qu’ils font ‘’. L’homme ne fut pas envoyé mais cette demande évidemment faisait allusion à notre supplique qui a porté sans aucun doute les chefs à réfléchir et à reconnaitre le danger et l’inutilité de se battre à Tavers. »

A suivre