Rouvray - Sainte - Croix : la vie de l'abbé LOUIS
Ci-après un texte (très légèrement modifié), paru en 1909 dans un bulletin paroissial de Patay suite au décès de l’abbé Louis, né à Rouvray-Sainte-Croix le 23 Août 1882. Je tiens à remercier Mme Normand de m’avoir permis de rechercher dans les anciens bulletins paroissiaux de Patay.
A égale distance de Patay et de Terminiers, en pleine Beauce, sur les confins du département du Loiret, se trouve une petite commune d’environ 200 habitants, Rouvray-Sainte-Croix, composée simplement du bourg, de deux hameaux ; le Quinteau et Moret, avec une ferme isolée au nord du village ; les Bordes-Martin.
Aux jours de la Révolution, l’église du village, qui n’était guère somptueuse, est devenue une grange. Avec cela, depuis 1840, il n’y a plus de cimetière. En ce temps là, les restes des ancêtres ont été transportés dans le cimetière de Patay, et, c’est là que, moyennant une redevance annuelle, sont inhumés les habitants de Rouvray.
Rouvray-Sainte-Croix est donc une commune, avec sa mairie, son administration municipale et son école, mais, n’ayant pas d’église, elle dépend de Patay, au point de vue paroissial.
C’est au Quinteau, hameau de Rouvray-Sainte-Croix, que le mercredi 23 Août 1882, naquit Germain Léon de Husèbe Désiré Louis et de Isabelle Elise Buisson (décédée en 1913). Il était le 7ème et dernier enfant de la famille.
Il fut baptisé le 10 septembre suivant à Patay. Il eut pour parrain ; Narcisse Louis, son frère et pour marraine ; Mlle Marcelline Lagnan sa cousine.
En 1909, ses parents étaient encore, malgré leur âge, de rudes travailleurs, estimés et aimés de tous, cultivant soigneusement comme fermiers les terres de la famille Cormier qui appartiennent maintenant (en 1909) au père Hyacinthe Marie Cormier (1832-1916), Maître Général des Dominicains, décédé à Rome, béatifié en 1994. Ses parents allaient aussi, pour compléter leurs revenus, faire quelques journées, aux environs, chez les cultivateurs.
Tout jeune encore, sur les bancs de la petite école de son village natal, il se montra intelligent, sérieux et travailleur. Dès qu’il fut en âge, il suivit, avec une grande assiduité, les catéchismes de Patay et de Rouvray, ainsi que les offices de l’église paroissiale, éloignée pour lui de 3 kilomètres.
Une fois par semaine, les catéchismes se faisaient à Rouvray, dans la salle de la mairie, et M le vicaire de Patay (l’abbé Hobrland), chargé du service, siégeait dans le fauteuil de M le Maire. En 1932, cette tradition était toujours respectée.
Il fit sa première communion le 20 mai 1894.
A M l’abbé Hobrland, qui l’avait distingué, parmi les autres enfants, à cause de sa science et de sa piété, il fit ses premières confidences de vocation et, quelques mois plus tard, il entrait, en 6ème, au Petit Séminaire de la Chapelle-Saint-Mesmin, ou il reçut le sacrement de confirmation en 1895. Là, pendant six ans, il ne fit que développer les qualités de son enfance. Toujours, il fut parmi les premiers de sa classe, soit pour son ardeur à l’étude, soit pour son activité en récréation. Aussi, malgré une certaine timidité dont il ne put jamais se débarrasser complètement, il gagna bien vite l’estime et l’affection de ses maîtres et de ses condisciples.
En octobre 1900, il entrait au grand Séminaire et prenait la soutane. Quelques mois plus tard, il recevait la première tonsure. Puis, successivement, les ordres mineurs et les ordres majeurs.
Pendants sa dernière année (1905-1906), le supérieur du Séminaire le chargea de la sacristie de la grande chapelle ; il le choisit aussi pour aller aider, comme catéchiste, M les vicaires de Saint Paul. Chaque dimanche, il put donc s’initier au ministère des œuvres, soit au catéchisme de Persévérance des jeune filles, soit au Patronage des jeunes gens, ou il aimait surtout à se dévouer. D’ailleurs, depuis plusieurs années, pendant les vacances, il s’occupait tout particulièrement des jeunes gens de l’œuvre de la Jeunesse ouvrière, dont M l’abbé Hobrland était devenu sous directeur.
Il dut passer par la caserne, d’abord, pour faire son année de service, puis, à cause des tracasseries auxquelles furent en butte les jeunes prêtres, après le vote de la loi de Séparation.
A la caserne, comme ailleurs, il sut se faire aimer de ses chefs, à cause de son esprit de discipline et son activité. Jamais en retard pour le tir, les exercices, la gymnastique….Il gagna ainsi les galons de premier soldat, seul grade que pouvaient briguer, en ce temps là, les séminaristes.
Le 29 juin 1906, il reçut la consécration sacerdotale des mains de Mgr Touchet et dans la chapelle de Notre Dame des Miracles, à Saint-Paul, il célébra sa première messe.
Le 4 Août 1906, l’abbé G Louis était nommé vicaire de Beaune-La-Rolande.
D’abord, sous la direction de l’abbé Fortier, puis, sous celle de l’abbé Artaud. Il exerça son zèle et s’attira l’affection de tous, surtout en s’occupant de l’Oeuvre des jeunes gens.
Il aspirait quelque peu à être nommé curé, afin de pouvoir vivre paisiblement avec ses parents, quand, le 2 Août 1908, Mgr l’évêque le nomma vicaire à Saint Marc d’Orléans. Il fut tout étonné, comme il le disait lui-même, d’avoir été jugé digne de prendre rang parmi les « vicaires de ville ».
Un de ses amis écrivait dernièrement : « Souvent, j’ai admiré la simplicité avec laquelle il me disait ses victoires intérieures et l’énergie avec laquelle il s’acharnait à combattre ses défauts. Ce qui m’a toujours frappé le plus, en lui, c’est, avec sa modestie, son énergique volonté. Mille fois, il m’a donné des exemples de cette force de volonté qui lui faisait surmonter tous les obstacles pour aboutir à ses fins. Jamais il ne se rebutait devant l’effort ».
Il y a quelques semaines, à la fin du mois de septembre, il était allé à Rouen, pour voir sa sœur malade. Il avait voulu aussi procurer à son père le plaisir de faire ce voyage qui lui permettait de revoir une partie de sa famille, soit à Paris, soit à Rouen.
Il avait aussi formé le projet d’aller à Lourdes, peut être l’an prochain (1910) et d’y conduire sa bonne mère. Elle aurait pu s’arrêter à l’Appuie (Vienne), pour y revoir sa sœur, religieuse de la communauté de Saint André de la Croix, qu’elle n’avait pas vue depuis longtemps.
Cette année, il avait eu le bonheur d’aller à Rome, pour les fêtes de la Béatification de Jeanne d’Arc.
Malheureusement le 4 novembre il recevait le sacrement de l’Extrême Onction. Un peu fatigué depuis trois semaines, il avait dû s’aliter, la veille de Toussaint et le lundi 8 novembre 1909 à l’âge de 27 ans, au matin, il rendait son âme, après de grandes souffrances, courageusement supportées.
Ses obsèques eurent lieu à l’église Saint Marc le mercredi 10 novembre.
A Patay l’inhumation eut lieu le jeudi 11 novembre, après un second service, célébré dans l’église de Patay. Le corps fut ensuite conduit au cimetière, ou il repose à droite de la croix principale.