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Epieds en Beauce: Docteur Xavier GILLOT, Compagnon de la Libération

Auteur : Poulot  Créé le : 04/05/2024 10:33
Modifié le : 14/05/2024 06:35
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Parmi les Illustres du Pays LoireBeauce le Docteur Xavier GILLOT, a toute sa place. Nous vous invitons à découvrir sa vie hors norme, et l'hommage qui lui a été rendu le 9 octobre 2010 à Epieds en Beauce.


 

Il nait le 22 décembre 1909, à Autun en Saône et Loire. Son père exerce la profession d’avoué.

Il fait ses études de médecine à l’école de Santé Navale de Bordeaux, à la sortie il est nommé Sous-Lieutenant des Troupes Coloniales.

Deux années plus tard, en 1933, il est promu médecin Lieutenant et en 1936, il est affecté en Indochine, au Laos. Avec son groupe sanitaire, il se déplace continuellement dans ces régions au climat tropical. Il est rapatrié sanitaire en 1938.

Xavier Gillot jeune médecin militaire

En 1939, le 3 septembre, il est mobilisé et affecté au 203ème Régiment d’artillerie coloniale (R.A.C). Il prend part « A la drôle de guerre » à Bitche puis à Montmédy (en région Grand Est). Il est affecté en Afrique-Equatoriale Française (A.E.F) en février 1940 avec le grade de Médecin Capitaine. Il devient médecin-chef du groupe sanitaire mobile n°1. Ce groupe est chargé de la lutte contre la trypanosomiase. Il travaille au Moyen Congo, dans la région de Mossaka.

En juin 1940 la France est envahie par les troupes allemandes. C’est l’exode sur les routes et la débâcle de l’armée française. Pétain, alors au pouvoir, signe l’armistice et c’est l’occupation de notre pays.

Le 18 juin 1940, le général De Gaulle appelle à poursuivre la guerre. Le 28 août 1940, à Brazzaville, Xavier Gillot s’engage dans les Forces Françaises Libres (F.F.L.). Il est l’un des premiers médecins d’Afrique Equatoriale Française (A.E.F.) à se rallier à ce mouvement. Il désire participer aux opérations militaires.

Médaille des Compagnons de la Libération

En novembre 1942, il est affecté au Régiment de Tirailleurs Sénégalais du Tchad (R.T.S.T.) à Fort Lamy. Il rejoint de fait, la colonne Leclerc forte d’environ 5000 hommes et 2000 véhicules. Le 9 décembre 1942, il se trouve à Zouar pour participer à la seconde campagne du Fezzan (sud-ouest de la Libye). Le jour de Noël, il rencontre le général Leclerc, perdu comme lui dans les dunes de sable, chacun dans son véhicule ; ils sont à la recherche de la colonne principale qui traverse le désert.

La colonne Leclerc fait jonction avec les forces britanniques à Oum-El- Araneb.

Le 10 mars 1943, lors d’un bombardement, son camion est détruit. Le capitaine Gillot en réchappe : « J’avais la baraqua » dira-t-il.

Suit la campagne de Tunisie. La colonne Leclerc devient la force L., puis la 2ème DB (division blindée). En octobre 1943, le cap est mis sur le Maroc.

Au sein du 13ème bataillon médical (constitué de 3 compagnies) Xavier Gillot a la charge de mettre sur pied, la compagnie médicale et groupes d’ambulancières de la marine : « Les Marinettes », Les deux autres groupes sont les "Rochambelles", du nom de  Jean-Baptiste Donatien de Vimeux,  vicomte de Rochambeau, né à Vendôme en 1725. (Il s'illustre à la tête du corps expéditionnaire français lors de la guerre d'indépendance des Etats-Unis (1775-1783). Sa famille possède le château de Rochambeau à proximité de Vendôme.) et les ambulancières britanniques « les Quakers ».

Le 11 avril 1944, la division quitte Casablanca (Maroc) pour l’Angleterre. Le premier août 1944, c’est le transfert de la 2ème DB en France. Le médecin capitaine Xavier Gillot débarque à Utah Beach dans le Cotentin, devant Sainte-Mère-Eglise par un temps brumeux et chaud. S’en suit l’avancée des troupes sous la férule de la 3ème armée américaine commandée par le Général Georges Patton. Les combats sont rudes et Xavier Gillot dira combien il sera marqué par la campagne normande dévastée.

De nombreux porte-drapeaux ont accompagné cette commémoration

 

La 2ème DB se met en marche, les affrontements se suivent, violents. Le 9 août 1944, à Saint James, au sud d’Avranches et entre Pontorson et Saint-Hilaire du Harcouët, Xavier Gillot est blessé par un éclat de bombe et très courageusement, il reste à son poste de commandement de sa 2ème compagnie médicale. Il participe aux opérations du 10 au 18 août 1944. Ce sont Vitré, Château-Gontier, Sablé, le Mans, remontée vers le Nord pour atteindre l’Orne, entre Ecouché et Argentan, puis Alençon le 12 août. Après la Normandie, c’est Paris qui est à libérer. Xavier Gillot est avec les hommes du colonel Billotte, pour investir Paris par Arpajon et Longjumeau. Le 25 août, le général allemand Von Choltitz signe la capitulation de Paris. Mais à l’est de la capitale, les combats se poursuivent. Xavier Gillot est avec le G.T.D. (Groupement Tactique du Colonel Dio). Le 26 août, il fait connaissance d’une « Marinette », Lydie Kraetz qui deviendra, un an plus tard, son épouse.

La 2ème DB, après le nettoyage de la banlieue, fonce vers l’Est. En septembre Xavier Gillot est promu Médecin Commandant. Il participe à la campagne des Vosges. Puis c’est la libération de Strasbourg. Le serment du Colonel Leclerc, du 2 mars 1941 dit « de Koufra» est tenu : « Nous nous arrêterons quand le drapeau français flottera sur Metz et Strasbourg. ». Lors de cette campagne en Alsace, Xavier Gillot se dévoue plus que jamais à la tête de la 2ème compagnie du 13ème bataillon médical.

Lors de la bataille de la poche de Colmar, Xavier Gillot et le général Leclerc se rencontrent pour la deuxième fois, dans une collision entre leurs deux jeeps, pas de blessures mais seulement des dégâts aux véhicules.

.Photo du docteur Xavier Gillot prise au Bourget le 27 août 1944

Sur l’insistance de Leclerc, la 2ème DB passe le Rhin, puis le Danube. Les Forces Françaises Libres plantent le drapeau Français sur le nid d’aigle au Berghof, dans le repère d’Hitler.

Le 7 mai 1945 vers 22 heures, Xavier Gillot apprend la capitulation allemande.

Le 22 juin 1945, le général Leclerc fait ses adieux à sa chère division. Adieux qui marqueront Xavier Gillot.

Xavier Gillot a reçu de nombreuses décorations et distinctions honorifiques.

  • Officier de la Légion d’Honneur.

  • Compagnon de la libération (décret du 17 novembre 1945),

  • Croix de guerre 39/45 avec 3 citations,

  • Médaille coloniale avec agrafes « Fezzan, Tripolitaine, Tunisie »,

  • Médaille de la Résistance,

  • Médaille des services volontaires dans la France Libre,

  • Médaille commémorative de la guerre 39/45,

  • Médailles des Blessés

  • Croix du combattant,

  • Présidential Unit Citation (USA)


 

Ont honoré de leur présence la commémoration du 9 octobre 2010 de gauche à droite: J.P. Sueur sénateur du Loiret, S. Grouard député du Loiret, E. Doligé sénateur et président du Conseil Général du Loiret, Mme Quatrehomme conseillère représentant le Président du Conseil Régional et M Purson vétéran de la 2ème DB 

De 1946 à 1949, Xavier Gillot est directeur adjoint du service d’hygiène mobile de Yaoundé, capitale du Cameroun, puis médecin chef de la région des massifs de l’Adamaoua, aux confins du Cameroun et du Nigéria, au milieu des Peuls, peuple de nomades.

De 1950 à 1953, Xavier Gillot, est à l’Archipel de Vanuatu, anciennement Nouvelles Zébrides, au nord de la Nouvelle Calédonie. Il est médecin chef des services de santé de Port Vila.

En 1953, Xavier Gillot est promu Lieutenant-Colonel et prend sa retraite l’année suivante. Il réside à Paris.

A 45 ans, souhaitant poursuivre sa mission de soignant il recherche un endroit proche de la capitale où il pourrait exercer. Ce fut Epieds-en-Beauce où le docteur Xavier Gillot arrive en septembre 1954 suite au décès, le 9 février 1954, du docteur Jacques Dimier.

Il devient le médecin de famille, dévoué, discret, disponible de jour comme de nuit aimé et respecté de ses patients. Il est aidé dans cette mission par son épouse infirmière, rencontrée dans le bataillon des « Marinettes » fin 1943. Il exerce jusqu’en 1976.

Etienne Jacheet délégué départemental de la Fondation de la France Libre, Marie-Paule Gillot-Vix, Christian Gauchard maire d'Epieds en Beauce

Comme le rappelle Christian Gauchard, maire d’Epieds, dans son discours d’accueil le 9 octobre 2010, à l’occasion de la cérémonie d’hommage qui lui est consacré, le Docteur Gillot a aussi montré son sens de l’engagement en devenant conseiller municipal de 1959 à 1977 et premier adjoint de 1965 à 1971. Il a également marqué son attachement aux associations locales en étant notamment le président de l’Union musicale. Lors de cette cérémonie, la municipalité d’Epieds-en-Beauce a tenu à honorer le Docteur Gillot, Compagnon de la Libération, en dévoilant une plaque identifiant ainsi le square qui porte désormais son nom.

Entre temps le 1er octobre 1958, il est promu au grade de Médecin Colonel de Réserve des Territoires d’Outre-Mer (T.O.M.).

Il décède le 10 juin 1996, son épouse le suit 3 mois plus tard, unis à jamais.

Marie-Paule et Marie-Elizabeth Gillot, ses filles, déposent une gerbe sur la tombe de leurs parents le 9 octobre 2010

A l’occasion de la commémoration d’Epieds en Beauce, Etienne Jacheet, délégué départemental de la Fondation de la France Libre, a prononcé un discours rappelant qu’il était l’un des treize Compagnons de la Libération du Loiret.

Ce jour-là, la 2ème brigade blindée héritière de la 2ème DB. du Général Leclerc de Hautecloque, était présente à Epieds pour lui rendre hommage.

Le 12ème Cuir d'Olivet arborant l'emblème de la 2ème DB

Dans son message, Etienne Jacheet a rappelé quelques phrases prononcées par le général de Gaulle à Londres le 15 novembre 1941 devant les Français de Grande Bretagne : « Nous sommes des Français de toutes origines, de toutes conditions, de toutes opinions, qui avons décidé de nous unir dans la lutte pour notre pays. Tous l’ont fait volontairement, purement, simplement. Car c’est à l’appel de la France que nous avons obéi. Au moment où tout paraissait crouler dans le désastre et dans le désespoir, il s’agissait de savoir si ce grand et noble pays livré à l’ennemi par la plus atroce trahison de l’histoire, trouverait parmi ses enfants des hommes assez résolus pour ramasser son drapeau. Il s’agissait de savoir enfin si, dans la nuit de la servitude, la nation ne verrait plus briller aucune lumière d’espérance française pour soutenir son esprit de résistance et faire la preuve qu’elle restait solidaire du parti de la liberté. »

A la fin de son allocution Etienne Jacheet a tenu à rappeler aux plus jeunes cette phrase d’Anatole France:

         « Ne perdons rien du passé. Ce n'est qu'avec le passé qu'on fait l'avenir. »


L'harmonie municipale d'Epieds en Beauce que Xavier Gillot avait présidée pendant ses engagements communaux
 

En conclusion nous rapportons ci-après le témoignage de Gérard Lemaitre, maire honoraire de Coulmiers et vice-président de RPLB s’adressant aux élèves de l’école d’Epieds-en-Beauce  à l’occasion de cette manifestation :

« Personnellement, je garde de monsieur Xavier Gillot, le souvenir d’un homme toujours disponible, sa manière calme d’aborder et de répondre aux questions de ce que fut sa vie, une vie très active, son extraordinaire parcours. Il évoquait Leclerc avec beaucoup d’émotion, un homme juste, partageant les mêmes rations que ses hommes, et couchant sur les peaux de biques en Afrique. Tel était monsieur le docteur Xavier Gillot un homme d’une grande simplicité comme le sont les vrais patriotes, il avait un seul objectif : SERVIR ».

Crédit photos:Avec l'aimable autorisation de la Délégation départementale de la Fondation de la France Libre

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